En fin de journée, à la Wiener Staatsoper :

LES PÊCHEURS DE PERLES, de G. Bizet

Daniele Rustioni : Direction musicale

Ersan Mondtag : Mise en scène

Kristina Mkhitaryan : Leïla

Juan Diego Flórez : Nadir

Ludovic Tézier : Zurga

Ivo Stanchev : Nourabad

Georges Bizet a longtemps été considéré comme l’homme d’un seul ouvrage. Si Carmen reste ce chef d’œuvre incontesté du répertoire lyrique, Les Pêcheurs de perles connaissent aujourd’hui une véritable renaissance. Créé en 1863 (Bizet n’a alors que 25 ans !), l’opéra se situe sur l’île de Ceylan, permettant au compositeur de déployer des trésors d’orchestration colorée. Une histoire tragique d’amour et d’amitié se noue autour de trois personnages, Leila prêtresse de Brahma et les pêcheurs Nadir et Zurga. On pourrait affirmer que cette production constitue une date importante dans l’histoire des Pêcheurs de perles tant les talents réunis sont ici hors-normes. Dirigeant l’orchestre viennois, Daniele Rustioni est l’un des chefs les plus applaudis de sa génération (il vient par ailleurs d’être nommé premier chef invité du Metropolitan Opera de New York). En confiant la mise en scène à Ersan Mondtag, la Staatsoper de Vienne fait appel à l’une des personnalités les plus étonnantes du théâtre actuel. Réalisant à la fois les costumes et les décors, Mondtag possède une imagination foisonnante qui trouve dans l’opéra de Bizet un écrin idéal. Et puis, la distribution vocale réunit un trio de rêve : la russe Kristina Mkhitaryan en Leïla et deux immenses interprètes bien connus du répertoire français, Juan Diego Flórez en Nadir et Ludovic Tézier en Zurga.

En fin de journée, à la Wiener Staatsoper :

SIEGFRIED, de R. Wagner

Pablo Heras-Casado : Direction musicale

Sven-Eric Bechtolf : Mise en scène

Andreas Schager : Siegfried

Camilla Nylund : Brünnhilde

Michael Volle : Wotan, Le Voyageur

Georg Nigl : Alberich

Wiebke Lehmkuhl : Erda

Gerhard Siegel : Mime

Matheus França : Fafner

Florina Ilie : L’Oiseau de la forêt

Après L’Or du Rhin, Siegfried est le deuxième volet de la Tétralogie. Pourtant, l’ouvrage connut une genèse extrêmement complexe. La composition débute en effet en 1856, mais à la suite de difficultés dans sa vie personnelle (entre temps il aura écrit Tristan et Isolde), Wagner laisse passer sept ans pour achever l’opéra. L’évolution du langage musical est considérable : le livret multiplie les scènes intimes à deux personnages, porté par le flux d’un orchestre aux dimensions cosmiques. Siegfried sera créé le 16 août 1876, durant le tout premier Festival de Bayreuth. Avec cette belle production, le metteur en scène Sven-Eric Bechtolf choisit de revenir aux sources de l’ouvrage. En privilégiant de magnifiques jeux de lumière, le spectacle cherche l’intemporel et le symbolique, bien davantage que les allusions politiques (et parfois hasardeuses) à notre monde contemporain. Cette épure remarquable est portée par une magnifique direction d’acteurs, mettant en valeur la fine fleur de la nouvelle génération de chanteurs wagnériens. Si Camilla Nylund en Brünnhilde est bien connue dans notre pays, les chanteurs masculins sont tous des célébrités Outre-Rhin, notamment Andreas Schager, Michael Volle ou Georg Nigl, tous formidables musiciens et acteurs. Dans la fosse, le grand chef espagnol Pablo Heras-Casado parachève la réussite de cette soirée wagnérienne très attendue.

En fin de journée, à la Wiener Staatsoper :

EUGÈNE ONÉGUINE, de P. I. Tschaikowski

Timur Zangiev : Direction musicale

Dmitri Tcherniakov : Mise en scène

Elena Manistina : Madame Larine

Asmik Grigorian : Tatiana

Daria Sushkova : Olga

Boris Pinkhasovich : Eugène Onéguine

Bogdan Volkov : Vladimir Lenski

Dmitry Ulyanov : Prince Grémine

1877 est une année charnière dans la vie de Tchaïkovski. À 37 ans, le compositeur russe a déjà écrit quatre opéras. Il faudra attendre le chef d’œuvre de Pouchkine, Eugène Onéguine, pour que Tchaïkovski connaisse enfin un triomphe durable sur la scène lyrique. Le compositeur s’identifia pleinement à ce personnage de dandy désabusé, en proie à des conflits intérieurs qui le poussent à fuir et à prendre de mauvaises décisions. Les personnages de Tatiana, amoureuse éconduite, et Lenski, aveuglé par la jalousie, sont tout aussi bouleversants. Depuis de nombreuses saisons, la production du célèbre metteur en scène Dmitri Tcherniakov fait le bonheur des spectateurs de l’Opéra de Vienne. Du fait de l’utilisation de son décor unique (un magnifique salon bourgeois bordé d’une grande table), il s’agit d’une des plus retentissantes réussites de l’ère moderne de l’institution autrichienne. Prenant les allures d’un huis-clos suffocant, Eugène Onéguine brosse une incomparable galerie de personnages, ici interprétés par une troupe de chanteurs russophones, qui connaissent leur Pouchkine et Tchaïkovski depuis leur plus tendre jeunesse. Dans le rôle de Tatiana, la lituanienne Asmik Grigorian confirme son tempérament scénique incendiaire : c’est l’une des grandes voix de notre époque.